Cinquième semaine sur cette terre bénie des déesses et des dieux.
Après une super expérience d’escalade pour Philippe et un magnifique coucher de soleil aux Météores, on s’est mis en quête de chaleur dimanche. Notre cible : des sources d’eau chaudes sauvages, aux environs un poil glauques (un mec en peignoir qui vendait des fruits au sirop en conserve, entre autres) mais dont le bain nous a fait un bien fou. On s’est réveilléEs lundi matin à côté du bassin naturel pour nous tout seulEs, avec la fumée vaporeuse dans la lueur du matin pour toile de fond. Le bonheur !

Avant ça, mentionnons tout de même la petite frayeur à vélo du dimanche après-midi. Alors qu’on arrivait à la fin d’une sympathique balade entre bord de mer et champs d’olives, un gros chien s’est mis en travers de notre chemin, aboyant à n’en plus pouvoir, les crocs à l’air et nous barrant le passage. DescenduEs des VTT, on a attendu que ça lui passe et qu’il s’en aille, mais il n’avait pas l’air décidé et s’en est alors pris à nos pneus, qu’il mordait comme s’il n’avait plus mangé depuis 3 jours. On était sur un petit chemin en gravier. Une voiture est passée deux fois et n’a pas daigné nous aider, malgré nos signes de la main. Finalement, deux gars dans une autre voiture se sont arrêtés, ont lancé des poignées de cailloux à cette sale bête et nous ont « couverts » avec leur voiture alors qu’on passait à côté du chien qui avait déguerpi un peu plus loin en bordure du chemin entre temps. Plus de peur que de mal, mais les chiens errants sont vraiment un problème et sont le grand suspens de chacune de nos promenades, que ce soit à pied ou en vélo.
Y’a quelqu’unE ?
Lundi après cette délicieuse matinée, direction Delphes pour visiter le site archéologique. On a la joie de trouver une infrastructure touristique ouverte. C’est notre première excursion touristique digne de ce nom. Et la qualité est au rendez-vous puisqu’on se rend rapidement compte qu’on a le site rien que pour nous. On le parcourt tranquillement. Sur la fin, un des surveillants ne nous lâche pas d’une semelle. Il nous suit en attendant sur nous pour fermer la boutique. En temps normal, on imagine les files d’attente et les coups de coude pour prendre des photos des colonnes et autres restes des temples. Delphes était à l’époque considérée par la civilisation grecque comme le centre du monde. On y venait de tout le pays pour faire des offrandes aux divinités. Le temple d’Apollon, l’amphithéâtre et un stade pour des jeux sportifs font partie des vestiges les plus impressionnants. C’était monstre intéressant, on a bien aimé.

On roule ensuite encore un peu pour aller se percher à 1’500m, au pied du Mont Parnasse, à une heure environ. PerduEs dans la nature, on dort proche d’une forêt qui nous fait penser aux Canada (précisons que nous n’avons jamais mis les pieds au Canada).
Le mardi, on se lance dans une marche de deux heures et quelques jusqu’à un super belvédère. On profite d’une belle vue à la fois sur la mer et sur un domaine skiable au pied du mont dont on ne sait dire s’il tourne encore ou pas. On ne croise pas âme qui vive, sauf le garde-parc qui nous a posé des questions dans un anglais plus qu’approximatif. Impossible de comprendre si on dérangeait, s’il essayait de nous faire partir ou s’il avait juste envie de causer. Après nous avoir pris en photo devant le bus en plein petit-déj, il nous a donné des prospectus et est parti. A vrai dire, on n’avait même pas compris qu’on était dans un parc. Aucun panneau ne nous l’a indiqué sur notre chemin.

On passe parfois des journées sans parler à personne. Ca fait bizarre à Philippe de ne pas rencontrer d’autres gens en voyage. On s’attendrait à tomber sur d’autres « comme nous » avec leur véhicule quand on se pose à quelque part, mais il faut dire que les occasions sont très très rares. Comme d’ailleurs ces 3 Argoviennes croisées cette semaine, qui sont venues nous saluer, échanger quelques mots et sont reparties en quête d’un autre endroit pour leur van. Le contact avec les locaux n’est pas évident non plus, à cause de la situation et de la langue. Après, il faut dire qu’on choisit des spots particulièrement paumés et qu’on fuit pas mal le peu d’endroits où il y a un peu de vie (aussi parce qu’ils ne sont pas très adéquats pour y dormir…). Cette solitude nous gagne aussi sur la route la plupart du temps. Autant vous dire qu’on a laissé tomber les clignotants, qu’on a grillé plusieurs stops et un peu oublié ce que signifiait le RTI. On met toujours un point d’honneur par contre à mettre le disque quand on se parque en ville.
Ensuite, nous sommes arrivés sur le Golfe de Corinthe mardi soir, où nous avons passé deux jours et demi sur une petite plage à quelques minutes en vélo du village typique de Galaxidi. Jeudi, on a longé la côte jusqu’à arriver à l’autre bout du Golfe. Un vent violent était annoncé, donc on a choisi de s’enfoncer de nouveau dans les terres, au bord du plus grand lac naturel nommé Trichonida. On y est parvenuEs par une route complètement pourrie, défoncée, tortueuse et étroite. Mais le coucher de soleil incroyable qui nous attendait au bout du chemin nous a réconciliéEs avec la départementale 0117.

Il a soufflé tout autant que là où on était auparavant. Le lac était très beau mais son pourtour est peu aménagé. Après deux nuits sur la plage d’un village où le temps semble s’être arrêté aux années 80, on est redescenduEs au sud. Et nous voilà dans un lagon, sans vent et avec une plage, ça n’étonnera personne, rien que pour nous.


On précisera au passage que les sacs de couchage sont désormais rangés, on ne dort plus qu’avec les duvets et on espère ne plus avoir besoin du chauffage avant un moment (que l’on a au final utilisé raisonnablement puisqu’on n’a même pas grillé la moitié du jerricane de diesel).
Prendre ses marques, trouver son rythme
Un mois après le départ (même si on a de la peine à savoir vraiment depuis quand on compte à cause de la panne du début), pas facile de dire si on a trouvé le rythme, si tant est qu’il soit possible d’en avoir un avec ce mode de vie. Il faut avouer qu’on a de la peine à vraiment couper avec les manières de penser et les horaires d’avant. On se pose donc plein de questions : est-ce qu’on préfère rester plusieurs nuits au même endroit ? qu’est-ce qui marche le mieux au niveau du rythme ? avance-t-on trop lentement ? trop vite ? nos journées doivent-elles toutes avoir un horaire, si oui, le même ? doit-on toujours avoir un coup d’avance, savoir où on va ? Est-ce qu’il faut accorder plus d’importance aux endroits où au voyage en lui-même ? on sera peut-être plus au clair d’ici quelques mois…