T’as dja attendu 11 heures à la douane ?

On a quitté le Workaway turc et nos nouveaux amiEs. C’était court mais intense, on retiendra l’accueil chaleureux et sincère de Berin et les discussions avec les autres volontaires.

Il était par exemple intéressant de voir que le couple colombien avait choisi la Turquie exprès pour venir en Europe, alors que la Française et nous avions justement opté pour ce même pays pour s’éloigner du Vieux Continent et se dépayser un poil…

Les derniers jours en Turquie ont été en demi-teinte. En se rapprochant du Bosphore et d’Istanbul, il devient difficile de trouver une plage de la Mer noire où il ne faille pas payer pour accéder à la plage. Le principe et les tarifs à la tête du client nous ont un peu saoûléEs, ce qui a précipité notre avancée vers la frontière avec la Grèce.

Une dernière plage de la Mer noire pour la route, à Sile, station balnéaire prisée des Stambouliotes

Mais au moment de remplir le formulaire covid qui nous permettrait d’entrer en Grèce, on a réalisé qu’on ne pourrait plus emprunter le même poste frontière qu’à l’aller. En fait, les deux seuls endroits qui connectent la Turquie et la Grèce par la route limitent désormais, et on ne sait pas trop depuis quand, le passage à 1’500 personnes par semaine. Il semblerait que ce soit à cause de la pandémie, il semblerait que ça ne s’applique pas aux citoyenNEs UE, mais en fait-on seulement partie dans ce cas-là ? Ce qui est sûr, par contre, c’est qu’on a une nouvelle fois bien galéré à trouver des infos. Et que la quantité maximum était atteinte pour la semaine en cours, et pour la suivante. Et qu’on se voyait mal sortir de Turquie et se faire refouler aux portes de la Grèce, devant alors remplir un formulaire pour pouvoir re-rentrer en Turquie…

Dans l’incapacité de valider ledit formulaire, il ne nous restait plus alors qu’à faire un détour, passer de Turquie en Bulgarie, rouler 20 km en Bulgarie puis passer de Bulgarie en Grèce. Il y a tout au nord-ouest de la Turquie une zone un peu comme vers Bâle où les territoires des trois pays s’entremêlent. Et là-haut, aucune limitation numérique de passage. Ni une ni deux, on a opté pour cette solution, qui impliquait tout de même un détour de plus de 250 km. Ce n’est pas énorme, mais tenons compte du fait qu’on fait du 65km/h de moyenne avec Louise, et que l’objectif était de privilégier la ligne droite, d’éviter les détours, pour qu’elle arrive saine et sauve jusque chez le docteur grec…

Et là, la frontière

Qui dit passer la douane en 2021, dit test négatif. Alors qu’on a vu pas mal d’hôpitaux plutôt flambant neufs pendant nos deux mois turcs, notre choix s’est porté tout à fait aléatoirement sur un dispensaire de province. Il était 100% correct, à cela près qu’il n’envoyait pas les résultats de tests par mail, et n’acceptait pas les paiements par carte au moment où justement on n’avait plus de cash. De quoi occuper ce mercredi dont on ne savait justement que faire…on nous a aussi d’abord dit à la réception que les résultats seraient disponibles vers minuit avant que la personne qui nous a fait le test nous affirme qu’il serait impossible qu’ils arrivent avant le lendemain après-midi. T’as déjà joué au chibre dans des chaises de camping sur le parking d’un hôpital ?

Et ces parties de chibre ne seraient pas les dernières de la semaine ! Une fois les résultats des tests bien en main, cap sur la frontière bulgare. Alors qu’elle se dresse à l’horizon un peu avant 18 heures, on lance les paris sur l’heure d’arrivée en Grèce. 20 heures et quelques, histoire de se poser et souper en Europe, sourit-on. Sauf qu’en arrivant à la douane, on commence à s’encolonner avec des dizaines, voire des centaines d’autres véhicules. La plupart ont des plaques françaises, allemandes, néerlandaises, suédoises, autrichiennes et semblent tout droit sortis du Salon de l’auto. Ces « monstres pompes » sont celles de ce qu’on estime à ce moment correspondre à la moitié de la diaspora venue passer l’été au bled. Suivant les instructions floues d’un gendarme, on suit la file et on prend petit à petit conscience du mooooonde qu’il y a sur ce parking !

Sans humour glauque, le décor ressemble à une plaine de festival mélangée à un camp de réfugiéEs. A un coin du parking, une distribution gratuite de boissons a lieu en continu et on trouve des jeux pour enfants. A peine Louise garée, celui qu’on appellera Hamza nous adresse la parole. « ça va, tranquille ? » Il est dans la colonne d’à côté, au volant d’une énorme Mercredes noire qui doit le ramener lui et ses parents jusque « dans le 67, l’Alsace ». Il leur reste 1’600 kilomètres à faire. Hamza se la pète un poil, il a 17 ans et demi, change de voiture chaque année « parce qu’il est passionné, avec papa ». « Nous aussi, on change chaque année », on lui rétorque en rigolant. Pas sûr qu’il ait saisi le sarcasme…

Moins drôle par contre, Hamza nous annonce que si on sort de cet endroit vers 3-4 heures du matin, on pourra s’estimer heureux et heureuse…Vu que ce costaud bonhomme a un peu tendance à tout exagérer depuis 15 minutes, on le croit moyennement. Mais au final, il avait bien raison ! On aura passé 11 heures à la douane dans ce trou. La raison : plusieurs portiques d’abord turcs puis bulgares à franchir, et un certain zèle de la part des douaniers bulgares qui fouillent chaque voiture de l’intérieur. Ajoutez à ça une très forte affluence de retour de vacances et un manque d’effectif et le tour est joué ! On a donc eu le temps de taper la causette un bon moment avec Hamza. Puis avec les voisins de derrière. Puis de se faire à manger. Puis de s’allonger un moment. Puis d’attendre. Puis de lire. Puis de remanger. Puis d’aller chercher une limonade. Puis d’aller chercher un café. Puis d’aller chercher un autre café. La nuit est monstre vite passée, en y repensant ! xD

Hasard ou prémonition, celui d’avoir pris ce cliché comme l’un des derniers de la Turquie? (il était censé nous rappeler les nombreux parkings « faits maison » qu’on trouve au bord des plages

Après l’entrée en Bulgarie, on a rassemblé nos dernières forces pour foncer vers la douane grecque. Et celle-ci avait beaucoup moins la cote. On y a trouvé un douanier somnolent qui n’a pas daigné sortir de sa cabine. SoulagéEs de ne pas devoir encore batailler à ce stade, surtout que notre formulaire d’entrée n’était plus à la bonne date, vu qu’on prévoyait d’arriver dans la soirée et non à presque 5 heures du matin, on se coucha à côté d’une station-service grecque alors que le jour se levait…

Et si Louise avait le covid ?

Nous revoilà donc en Grèce après quelques jours plutôt épuisants pour les nerfs. Surtout en fait parce que le moteur s’est remis à tousser… à quelques encâblures de la sortie de Turquie. L’attente de la douane n’était dans l’absolu pas si pire. L’avantage d’avoir sa maison, et donc son lit et sa cuisine avec. Et de ne pas avoir d’horaire ni de dates de rentrée ! Pas sûr par contre que les démarrages voiture après voiture pour avancer de quelques mètres aient été bénéfiques pour Louise. Bref ! Celle-ci nous a de nouveau fait des pertes de puissance alors qu’on arrivait à la douane. Et 2-3 fois par la suite aussi. On a ouvert le moteur, qui est en fait très sale et poussiéreux. Philippe a tenté de le décrasser tant bien que mal et on est finalement arrivéEs à bon port. Mais il faut avouer que ces moments ne sont pas très chouettes et qu’on en a un peu marre parfois d’être dans une sorte d’inconnu par rapport au bus. Là, il va retourner au garage et on aura un nouveau diagnostic.

Back to Elaiochoria

Pendant ce temps, on est super contentEs d’être à nouveau à l’endroit du premier workaway : la construction naturelle de la maison de Vanessa et Yiannis à Elaiochoria. Il y a là aussi d’autres bénévoles, toustes francophones, et même une Fribourgeoise ! On a remis les mains dans la boue, et on apprend plein de choses en même temps qu’on se sent bien de pouvoir aider à nouveau un peu nos amiEs. Surtout que cette fois, il fait beau et chaud ! Et qu’il y a pire comme chantier que celui-ci, avec vue sur la mer et où on se régale avec des figues fraîches juteuses et sucrées cueillies juste plus loin !

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