Départ de Grèce nostalgique la semaine dernière. On a réalisé qu’on avait vraiment appris à découvrir et à aimer ce pays. Mais on était quand même tout fou et folle à l’idée de coller un drapeau supplémentaire sur la caisse rouge de Louise !
Nouveau passage de douane tendu pour Philippe et sa peur de l’uniforme. Au final, nouveau passage de douane épique entre les quelques paons qui picoraient sur la chaussée et la garde-frontière qui nous demande, persuadée qu’on cache quelque chose, si on n’a pas de la marijuana ou des ecstasy à déclarer… L’entrée en Macédoine du Nord a néanmoins été maussade dans le ciel et dans nos coeurs, puisqu’elle s’est faite sous la grisaille et par Bitola, qui n’est pas la cité la plus resplendissante qu’on ait visité. Cette ville a par contre vu naître ni plus ni moins qu’Alexandre le Grand (qui n’a plus mal aux dents depuis longtemps, on est dans les années 300 avant JC), conquérant s’il en est à son époque. Elle aura malgré tout permis de nous donner un bon aperçu du pays : un mélange de cultures, de peuples et d’influences, et ce depuis bien longtemps. C’est d’ailleurs l’un des rares endroits des Balkans où on trouve sur la même place une église, une mosquée et une synagogue.

Bitola ne devant servir que de rampe de lancement pour le reste du territoire, on a ensuite mis le cap sur le parc national du Pellister, avec l’espoir joyeux de retrouver enfin des sentiers de randonnée dignes de ce nom. On a tenté l’ascension du sommet du même nom, mais on a dû se raviser à quelques encâblures du but pour cause de brouillard. On a regagné le bus juste avant la pluie. Bon, ok, on était à ce moment-là à 1’400 mètres, mais le thermomètre a soudainement chuté, nous prenant complètement au dépourvu. Et nous rappelant les débuts grelottants du voyage en mars… Cet épisode a valu à Valentine de sombrer dans une dépression aussi totale que rapide avant de refaire surface 48 heures plus tard environ. En effet, notre arrivée dans la région d’Ohrid par une route surplombante et tout à fait panoramique a coïncidé avec le grand retour de l’astre de feu. Ce décor splendide a fini de nous réconcilier pour de bon avec la Macédoine du Nord, et nous a rassuré quant à un potentiel départ de l’été beaucoup trop imminent à notre goût.
Beaucoup trop se plaire au bord d’un lac
Ce lac Ohrid, on y « pèdze » pas mal, prenant le temps de visiter et de profiter de cet écrin charmant. Ses eaux sont froides mais très transparentes, et on y savoure des bains rapides mais fréquents. Le paysage des montagnes albanaises sur la rive d’en face nous captive. Notre rive à nous est assez étroite et coincée entre le lac et une chaîne type Jura. Même si on croise pas mal de monde en villégiature, on trouve facilement à se poser au calme, à quelques mètres de l’eau. On s’y sent un peu comme à la maison en fait, un peu comme sur la Riviera, vers Montreux. On fait une randonnée qui reviendrait à monter aux Avants.
Ce lac serait un des plus anciens d’Europe (entre 3 et 5 millions d’années) et l’un des plus profonds aussi. Une partie est classée au patrimoine de l’UNESCO (encore elle !) en raison de sa grande biodiversité. La ville d’Ohrid se compose, elle, de plusieurs monuments : forteresse, églises, monastère, musées, maisons d’époque. Et surtout de THE site, le plus visité de toute la Macédoine : l’église de Kaneo, perchée sur une petite falaise. La taille du tout, vieille ville et ville moderne est très agréable, au bord du lac aussi, et on passe de longues heures à s’y promener.
L’église de Kaneo
En bref, on apprend tous les jours une foule de choses intéressantes sur la région, le pays. Ohrid constituait par exemple une étape de la Via Egnatia, on a par conséquent aussi découvert ce qu’était cette voie romaine.
Le pays des veggie burger et du training à pression
Au chapitre de l’expérience culturelle et sociétale, on ne comprend absolument rien à la langue. C’est vraiment la première fois qu’on n’a aucun mot auquel se raccrocher quand on tend l’oreille vers des conversations. L’alphabet ne nous est pas plus familier. Heureusement, les personnes avec qui nous parlons savent en général l’anglais, ou l’allemand, ou l’italien. Plusieurs fois, on nous a approchéEs pour nous proposer de l’aide. On trouve les gens assez serviables et gentils, même si on a eu peu d’interactions. Un constat sans appel par contre : la Macédoine du Nord se profile comme LE pays du training à bandes et à pressions. On croise tellement de gens qui portent ce genre de survêtements très à la mode dans les années 2000…c’est même apparemment la tenue idéale pour randonner en montagne. Mais bref !
On remarque pas mal de véhicules avec des plaques étrangères et on a l’impression que les gens passent facilement d’un pays à l’autre pour le week-end par exemple. Ça donne un chouette mélange de nationalités, dont on a peu l’habitude.
On n’en est qu’au début, mais c’est super chouette, en tant qu’Helvètes, de visiter les Balkans. On trouve important de connaître ces pays et leur histoire au vu des diasporas importantes qui ont migré en Suisse.
Sinon, on fait aussi les frais un peu plus sérieusement de cette m***** de covid. Ici non plus, pas moyen d’entrer dans un café ou un restaurant sans pass sanitaire…La question de profiter des terrasses ne se pose donc plus pour nous, ni celle de pouvoir découvrir les délices de la gastronomie locale. Ceux-ci se sont du coup pour l’instant résumés à des burgers végétariens commandés à l’emporter. Pas chers et très bons à chaque fois ! On se console en se rabattant sur les magasins, où on achète des produits dont on ne comprend pas trop ce qui est écrit sur l’étiquette. Cette histoire de pass ne nous dérange pas trop à l’intérieur des pays. Mais ça pourrait devenir problématique si l’obligation est étendue à trop d’endroits comme les sites historiques ou les musées. C’est par contre plus embêtant pour passer les frontières, surtout vu notre plan des prochains mois, et la flopée de petits états qu’on prévoit de traverser… On se dit par moments qu’on aurait dû s’inquiéter avant, et puis on se reprend à penser que tout ça finira par passer !
Tu penses qu’on sera où dans 6 mois ?
On a passé la barre des 6 mois de voyage. C’est bien le temps qu’il faut pour mesurer l’ampleur de l’aventure dans laquelle on s’est embarquéEs. On comprend petit à petit qu’il y a des choses dont on ne se rend pas compte maintenant, mais qu’on réalisera peut-être dans quelques mois, années. Notre relation au temps est assez bizarre. D’un côté, on vit un condensé de choses sur une courte période et de l’autre, on a tout le loisir de prendre le temps et de ne pas avoir de délai. Résultat : ce n’est pas toujours évident de savoir comment gérer nos journées, notre rythme…

On aime parcourir et visiter, mais il faut avouer que c’est une expérience de déstabilisation constante. Sur ce point-là, on doit beaucoup prendre sur soi et se dépasser pour faire face sans cesse à l’imprévu et à l’inconnu, aux endroits pas forcément les meilleurs pour dormir, aux routes pas forcément les plus agréables et aux douches pas forcément les plus tranquilles … Il nous faut décider tous les jours et beaucoup, ce qui nous prend pas mal d’énergie aussi. Et du temps également puisqu’il vaut quand même mieux toujours avoir « un coup d’avance » sur les prochaines étapes. On pourrait y aller les yeux fermés, on a essayé quelques fois mais on y voit plus de désagréments que de plaisirs. Tout est question de dosage, en fait.
Donc voilà, 6 mois sont passés. On a vu de sacrés belles choses, vécu de sacrés bons moments. On se plaît toujours autant dans Louise et rien ne nous manque de notre vie d’avant. On sait que cette époque dorée aura une fin, alors on se lève avec le sourire chaque matin. Avouons qu’on a malgré tout pris goût à cette vie sans réveil matin, sans distinction entre semaine et week-end, et un peu en vase clos dans notre bulle. Il y a eu du bon et du moins bon dans chaque pays, mais on s’émerveille toujours autant et tant que ça, ça arrive, on poursuivra notre petit bonhomme de chemin. A voir où on sera dans 6 mois!