Mémoires de colectivo – Oaxaca

Bloguer depuis le siège numéro 5 d’un colectivo, quelque part sur la route entre Puerto Escondido et Oaxaca de Juarez, c’est une première!


Avouons qu’il faut bien trouver de quoi occuper les 8 heures de route au menu. 8 heures pour faire 250 kilomètres, tout de même. On s’est encore fait avoir en réalisant la veille du départ que ça allait nous prendre la journée en fait. Il n’y a que de la petite route, qui a au moins le mérite d’être belle malgré les virages à n’en plus finir, quelques gendarmes couchés, et d’énoooormes nids de poules. La route 131 passe par les montagnes de l’arrière-pays et nous donne l’impression de monter au col de la Croix puis d’en redescendre sans jamais y arriver pour autant… 

Atteindre la côte Pacifique et s’abandonner

Ainsi s’achève donc une semaine dans les vagues de Puerto Escondido. Avant ça, il y a eu 5 jours aux baies de Huatulco, une centaine de kilomètres plus au sud. On a voyagé avec Cindy, avec qui on devait aussi partager le logement là-bas. L’arrivée sur la côte Pacifique à 3 heures du mat’ et alors que Philou a commencé à se sentir mal dans le bus, un moment inoubliable! Heureusement qu’on avait prévu de rester plusieurs nuits au même endroit.

Philippe a recommencé à souffrir d’un mal étrange et long à soigner qui s’attaque à ses intestins sans pour autant le clouer complètement au lit. Et bizarrement, il a eu exactement les mêmes symptômes que…la dernière fois qu’on passait du temps avec notre amie Cindy, en Turquie! La coïncidence nous a bien fait marrer. Du coup, on a limité un peu les activités, et on a surtout fait de la plage, été flâner en ville et fait des balades. A Huatulco, comme les plages sont dans des baies, l’eau est calme pour dire que c’est l’océan. Elle est même étonnament chaude, qu’est-ce que c’est agréable! Elle est au moins aussi chaude que la Mer des Caraïbes. On ne se lasse pas d’être au bord de la grande bleue, malgré tout le sable et le sel qu’on a déjà bouffé en 2021. On ne se sent pas du tout en décembre, il fait plus de 30 degrés. Heureusement que les décos lumineuses et les sapins synthétiques qui scintillent dans les magasins se chargent de nous rappeler que la course vers Noël est lancée!

Autre activité intense du passage à Huatulco: admirer les familles mexicaines moyennes lors de leur sortie dominicale à la plage. Aller au restaurant, boire de la bière, s’envoyer une quantité indécente de fruits de mer, boire de la bière, manger des chips, s’endormir sur la table, écouter de la musique à fond, boire de la bière, aller se baigner, acheter des sucreries aux vendeurs/-euses ambulantEs, geeker sur le téléphone, boire de la bière et s’en aller.  

Il y a des pêcheurs presque à chaque fois qu’on va à l’océan, qui sortent « de ces machins » même depuis la plage et même sans canne, avec un simple fil et une bouteille en PET en guise de moulinet.

Au chapitre de la faune et de la flore toujours, on continue à bien se faire plaisir. On a vu des champs de papayers, des cabosses de cacao sur les étals du marché. On rentre des commissions avec des chayotes, des goyaves, du mamey et du zapote dans notre escarcelle. Valou adore regarder les écureuils sur les cocotiers et ça fait assez bizarre de se retrouver face à des animaux sans savoir ce que c’est. Ça nous est arrivé dans une crique, où des coatis (on a cherché après coup ce que c’était) sont venus manger. On tombe sur les premiers cactus du voyage aussi. 

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Et puis, on se résout à aller à Puerto Escondido, célèbre dans le milieu du surf puisqu’on y trouverait la 3ème vague la plus haute au monde. On compte débarquer chez une couchsurfeuse qui nous a gracieusement proposé une chambre. Quel fut notre désarroi en passant le seuil de chez elle! On a probablement atterri dans un squat en bordure de la route principale, bruyant, poussiéreux et mal odorant. On s’enfuit sans même dire au revoir, trop mal à l’aise…

Et on mise tout sur un hostel qu’on avait repéré avant l’histoire de la couchsurfeuse. L’endroit est joli, les murs ont été décorés par des graffeurs, le tout est en plein développement et aménagement. Mais après 3 nuits, on décide encore de changer de crèmerie. C’est très bruyant, il y a les travaux la journée à l’étage au-dessus, la musique des fêtards au bout du couloir et la télé à fond le soir et toute la nuit, le bruit de la route et la rengaine du camion du gaz pour nous réveiller aux premières lueurs. La troisième tentative ne sera toujours pas la bonne, mais là on abandonne et on décide de se contenter du logement pour les 4 nuits restantes.

Car malgré ce qui ressemble à une malédiction quant au logement, Puerto Escondido (à prononcer comme les gring@s qui tentent de prendre l’accent espagnol) nous charme. Philippe peut s’essayer au surf. Il réserve 3 leçons avec un « prof ». Il chope vite la combine, se fait directement emmener sur le plus grand spot de surf et s’éclate dans l’eau dès les premiers instants. Il découvre aussi le revers de la médaille, à savoir les éraflures au ventre provoquées par le frottement contre le « grip » de la planche. Les sensations sont bonnes, il en refera en louant une planche plus tard au cours du voyage, c’est sûr. 

Pendant ce temps, Valentine profite de l’offre variée des studios de yoga pour suivre quelques cours et réaliser qu’elle a pas mal perdu de sa pratique en Suisse. Sans compter sur les enseignantes locales ou étrangères qui ont à chaque fois un sacré niveau! 

Surf, yoga, digital nomads et hipster power! C’est un peu l’ambiance dans les différents villages (Zicatela, Rinconada, La Punta) qui composent Puerto Escondido. Mais le mélange est bon, on croise des gens de partout, sans compter qu’il n’y a pas que du tourisme, il y a aussi toute une partie très mexicaine, et que les touristes sont plutôt des comme nous, en vadrouille long terme et qui passent plusieurs mois dans le coin. On se balade dans la rue à pieds nus, en maillot de bain et il faut bien toute la semaine pour découvrir les nombreuses plages des alentour. Vers 17:45, grand rituel: le coucher de soleil. Le monde converge vers le bord de l’océan et le temps semble s’arrêter face à la chute du soleil dans l’eau. Tout le monde lâche ce qu’il était en train de faire et contemple l’horizon. Chaque soir, le spectacle change mais on ne s’en lasse pas. La boule rose est si proche qu’on semble pouvoir l’attraper du bout des doigts. Puis vient le tour du ciel de se parer de couleurs chatoyantes avant la nuit. Les loupiotes des bars de plage peuvent alors s’allumer et les happy hours peuvent commencer… 

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Bisounours cherche maison ou appartement

Petite réflexion qui nous trottait dans la tête depuis un moment et qui ne cesse de se nourrir des expériences du voyage. Certaines personnes nous font parfois sentir qu’à leurs yeux, nous deux vivons dans un « monde de bisounours » en ayant choisi de tout lâcher pour partir voyager. Mais après un mois ici, on se dit que c’est justement ces gens-là qui sont sur une planète où tout est un peu trop rose. 

Ça se retrouve dans les conditions de vie, les petites choses du quotidien des MexicainEs. On loge dans des hôtels ou des appartements premier prix, qui souvent manquent de soin, de finition. Un niveau de confort qui reflète en fait pas mal le niveau de vie de la classe moyenne (les classes sociales ici, un vaste chapitre qui mériterait amplement davantage de développement!). Les maisons sont construites très basiquement, peu meublées. Peu ou pas de machine à laver, on ne parle pas de sèche-linge, d’ordi portable, de machine à café connectée ou de table à langer auto-nettoyante. Les approvisionnements en eau, électricité et l’accès à internet restent très chancelants. On a déjà eu plusieurs coupures de jus qui ont duré la journée (là où, en Suisse, on s’excite sur le groupe Facebook de sa commune après 15 minutes, chapeau les artistes!). On se douche à l’eau froide le plus souvent. On a vécu notre premier tremblement de terre, une magnitude de 5,1. Ça a duré 10 secondes, mais punaise ce que ça a secoué! Apparemment, ce n’était rien d’extraordinaire ici.

L’omniprésence du bruit en ville est aussi quelque chose qui nous marque. Bref, la vie ici est souvent dure, fatigante, brutale. Et on a juste réalisé d’une part qu’il ne faut plus venir nous dire qu’on est dans une bulle alors qu’on est partiEs se confronter au monde du dehors. Vivre chez les Bisounours, ne serait-ce pas plutôt ne pas sortir de son luxe et prétendre connaître le monde depuis le confort de son bureau ou de son canapé? 

D’autre part en étant ici, on remarque que des centaines de millions de personnes vivent différemment, simplement, avec tellement moins. De quoi non seulement vérifier la phrase toute faite qui dit « qu’on a de la chance en Suisse ». Mais ça permet surtout d’intégrer qu’on n’est pas la norme, la jauge, le standard auquel comparer le reste de la planète. Ça aide à penser qu’il y a un monde au centre et la Suisse à côté, et non l’inverse. Bref, ça permet de se décentrer, d’oublier tous nos schémas de pensée habituels pour vivre et analyser les expériences. Et peut-être que ça permet, au final, de localiser un peu plus précisément ce fameux Bisounoursland! 

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