Suite et fin du road trip en Baja California Sur. Prochain stop: Todos Santos / El Pescadero, sur la côte pacifique. Le thermomètre n’est pas franchement plus généreux la nuit, on se réveille avec des tronches de cake. Mais ce n’est pas si grave, on finit nos nuits par une petite sieste sur la plage.
Celle-ci est très belle dans le coin, on arrive à la hauteur des spots de surf.
On retrouve pas mal de vans et de camping-cars sur ces plages et on hallucine que le camping sauvage y soit permis et gratuit. Pas d’eau, pas de toilettes ni de poubelles mais tout reste propre. Les maisons sur roues sont plus modestes cette fois, et de ces campements informels émane une ambiance plus jeune, sportive et cheveux longs.



On profite de deux couchers de soleil somptueux, sur le sable blanc, avec une bière fraîche. On a même la chance de voir des baleines qui sautent hors de l’eau au loin. Des grises, plus petites et donc plus à même de se propulser dans les airs. On en apercevra d’ailleurs tous les jours de notre descente jusqu’à la pointe sud.
Les plages ici sont accessibles par des pistes tracées de la manière suivante: tôle ondulée recouverte de terre poussiéreuse. Ce qui nous vaudra un remix d’un refrain bien connu qu’on chante en roulant au pas dans la Benz: « Bumpy roaaaaaads, take me hoooome ».
En bas là-Ba(ja)
Après trois nuits dans le coin, on roule encore pour atteindre le cap. En chemin, on voit des lions de mer lors d’un arrêt sur une plage longue de plusieurs kilomètres. Entre les localités, il n’y a rien sauf des ranchos protégés par d’imposantes barrières et des chiens errants en piteux état qui crèvent de soif et de faim. Qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire ici? On s’arrête leur donner de l’eau et des tortillas mais ça nous fend le coeur de les laisser là, qui plus est sous un soleil de plomb…
Un stop pour acheter une monstre couverture plus tard, on arrive enfin à Los Cabos (les caps). Il s’agit de deux villes distantes de 30km environ, qui constituent de loin la partie la plus « tourisme de masse ». Tourisme de masse et de luxe, en témoigne l’absence de campings. On dort deux nuits sur la même plage entre les deux bourgades pour prendre le temps de les visiter. La mer se colore de multiples nuances de bleu, les falaises sont belles. Pour le reste, c’est un joyeux mélange de tout ce qui nous plaît moins. Il y a déjà des dizaines de resorts, gros hôtels mais la zone continue d’être défigurée par d’immenses chantiers. On dirait un concours de la maison haut standing qui sortira de terre le plus près possible de la mer. De chaque côté, Cabo San Lucas et San José del Cabo. Les AméricainEs du nord y arrivent par charters entiers pour faire la fête dans des pubs bruyants et pour la pêche au gros. On se balade dans la marina de Cabo San Lucas, sorte de centre commercial et de divertissement à ciel ouvert. Rebelote le lendemain dans l’autre ville, visites qu’on agrémente d’après-midis plage dans les alentours.


Puis on entame la remontée de la péninsule par l’autre côte, enchaînant les nuits dans des RV parks. La couverture épaisse fait des miracles et le camping devient enfin un plaisir. On monte le campement dans un ballet bien rôdé et on a trouvé comment ranger les affaires dans la voiture pour que ce soit pratique et pas trop le chenit.
La région (Los Barriles – La (bien nommée) Ventana) qu’on traverse maintenant a la particularité d’être constamment balayée par le vent, pour la plus grande joie des véliplanchistes et autres kitesurfeurs/-euses qui s’en donnent à coeur joie. On en a rarement vu autant. Une fois qu’on les a observé par contre, pas grand-chose d’autre à faire dans ces villages sans vraiment de centre et complètement envahis par des gring@s en quad. Heureusement qu’on fait l’agréable rencontre d’une famille française en camping-car qui voyage avec un couple québeco-argentin en 4×4/tente de toit. À force de se retrouver plusieurs fois sans trop l’avoir cherché dans les mêmes campings, on finit par sympathiser et la joyeuse troupe nous invite à souper. Pommes de terre sautées, légumes grillés et salades colorées, ça nous change du pain/avocat ou tortillas/purée froide de haricots assis dans la tente!
Une semaine à La Paz
On remonte le littoral plus vite que prévu et on se rapproche de La Paz, étape finale de notre parcours californien. Qu’à cela ne tienne, on nous a parlé en bien de la capitale de l’état et de ses plages. On passe donc une semaine à profiter tant que c’est possible de la mer. L’eau nous semble bien fraîche malgré les prétendus 20 et quelques degrés. Une petite « rando », le centre-ville, des dîners au « resto », des affrontements rageux de ping-pong au camping mais aussi soirées sur des plages sous la voûte étoilée: le temps file! La dernière nuit sous tente restera gravée, puisqu’elle nous a offert une tempête de sable qui a permis de tester la solidité de notre abri!





Extorsion policière
Fait marquant de la semaine, notre arrestation deux fois à environ 6 heures d’intervalle par des flics crapuleux. C’est que nous sommes une cible facile, voiture de location aisément identifiable, conduite sportive et nos tronches de touristes-pas-dangereux. La totalité des faits seraient trop longue à raconter. En gros, dans le premier épisode, absence totale de preuve pour la faute reprochée (vitesse excessive) et négociation théâtrale d’un pot-de-vin. De quoi diviser par 4,5 le montant de « l’amende » qui a fini directement dans la poche de l’agent et éviter le passage au poste pour récupérer le permis de conduire. Deuxième épisode plus court, dans lequel on a pu gentiment avancer qu’on s’était déjà fait tauper assez de ronds pour la journée et qu’il ne fallait pas abuser non plus même si, oui, on avait grillé le stop (fait évidemment non reconnu face aux forces de l’ordre). Comme le 95% des automobilistes mexicainEs d’ailleurs. Qui ne respectent pas non plus les limitations de vitesses, cela va sans dire!
Bref, en en discutant avec des personnes de la ville, il en est ressorti que le problème est connu. On a appris à le gérer si ça se reproduit mais on était bien énervéEs sur le moment!
Jolies rencontres
Heureusement, le séjour en Baja California Sur s’est achevé sur une note plus positive chez un couchsurfeur, toujours à La Paz. On a passé deux jours chez Jorge, un Mexicain qui étudie les volcans ET les glaciers et qui a donc travaillé en Suisse. Et qui roule comme un cinglé et qui grille les stops. Mais qui, lui, n’a pas de problème avec ces ploucs de comédiens en uniforme bleu.
c’était très intéressant, bon enfant, confortable. Jorge nous a aidé à donner à la Croix-Rouge le matos de camping dont on n’allait pas s’encombrer. Il nous a baladé sur le malecón, on a cuisiné les unEs pour les autres et on a fait la connaissance de son ami Christopher, jeune prodige du cyclisme sur route, qui créchait également chez notre hôte pour participer à une course de 115 kilomètres. Super enrichissant donc de discuter avec ces gars.
Et puis on s’est levéEs très tôt et on est partiEs prendre l’avion pour le continent. Un dimanche Déplacements puisqu’après l’avion, on enchaîne avec le bus. Cap sur León, où un autre duo masculin doit nous héberger. On a rencontré Juan Manuel et son fils Bernardo sur Facebook. Ce sont tous les deux de grands voyageurs et ils nous accueillent avec un coeur, un enthousiasme et une générosité qui nous touchent. Ils ont parcouru les États-Unis, le Mexique et l’Amérique latine en moto. Puis Bernardo a fini le périple sans son papa en Europe puis à nouveau aux USA. À 23 ans, il peut déjà se targuer d’avoir bourlingué en partie seul pendant 3 ans sur 3 continents, dans 31 pays! Son parcours nous impressionne autant que sa modestie.
On refait le monde pendant des heures avec eux, on rigole en faisant des blagues nulles, on sort manger une glace, on appelle leur amie en Suisse qui vit sur la Riviera. Ça fait du bien de rencontrer des gens complètement libres et qui comprennent plein de logiques inhérentes au voyage. Ils nous donnent tellement envie d’aller en Amérique du Sud. Le lendemain, Bernardo nous cuisine un petit-déjeuner royal puis Juan Manuel nous amène à Guanajuato. Il nous conduit jusqu’à un mirador, d’où il nous fait un petit exposé historique de la ville.
On le quitte ensuite pour découvrir le charmant studio où on pose nos sacs pour la semaine.

