Après l’Iran, la looongue traversée vers l’Europe

Avant d’aller plus loin, on voulait quand même prendre un peu de recul et tirer un bilan de la quinzaine iranienne.

En préambule de celui-ci, bien spécifier que notre expérience n’en reste qu’une parmi tant d’autres et qu’il ressort de nos échanges avec d’autres voyageurs/-euses que chacun-e a des impressions et des vécus uniques. Aussi, on a trouvé un pays complètement différent de la plupart des choses qu’on avait pu lire, regarder, entendre avant d’y être. Le contraste entre l’extérieur et l’intérieur est donc saisissant et on imagine aussi que c’est parce que les choses changent très vite.

  1. Le climat : malgré un séjour en septembre, on a crevé de chaud à peu près du début à la fin, exception faite de certaines nuits. La chaleur nous a valu l’acquisition de deux splendides ventilateurs qui ont permis d’adoucir les nuits et rendre plus agréables certains moments dans le bus en journée. Le climat varie évidemment d’une région à l’autre mais reste globalement chaud. Des gens du sud ont évoqué les 46 ou 47 degrés suffocants avec lesquels iels doivent maintenant cohabiter en été…
  2. C’est un peu lié au climat, on a eu un peu de mal avec l’habillement, C’est assez personnel mais vu qu’on est du genre à sauter dans nos shorts, voire à torse nu pour certain, on n’a pas spécialement adoré le dress code-longues-manches. Spontanément, pour les femmes c’est le voile qui vient d’abord à l’esprit mais il faut aussi vraiment un haut qui descende jusque sous les fesses. On se rend alors compte qu’il existe vraiment une mode à part, avec des coupes et des styles d’habits qu’on n’a jamais vu ailleurs.
    ça nous a quand même fait réfléchir et on a tenté de ne pas trop se plaindre en pensant à celles et ceux qui n’ont toujours connu que ça. Il doit aussi y avoir certainement une question d’habitude. Quant au foulard pour Valentine, ce n’était pas une partie de plaisir, mais ce n’était pas insupportable non plus. Hormis le « 0 look » permanent. Et sauf quand il est jeté à la hâte et maladroitement sur le crâne, donc il tombe, donc ce n’est pas du tout pratique parce que t’as justement besoin de tes bras à cet instant… Ce qui était plus compliqué c’est de voyager en van dans ce contexte. On est majoritairement restéEs en ville, et comme il y a du monde partout, même en étant au van, les gens nous voyaient. Difficile dans ces moments-là de savoir s’il faut garder l’équipement complet pour sortir prendre quelque chose dans le coffre ou pour s’asseoir à côté ou même dans le véhicule… surtout quand une famille au complet débarque pour se prendre en photo dans le bus avec ses propriétaires (incroyable, mais vrai) !
  3. Au niveau de la « vanlife » en elle-même, il est facile de trouver des endroits mais ces « règles à respecter » ont ainsi un peu changé nos habitudes. On préférait par exemple rester à l’intérieur pour pouvoir enlever une couche plutôt que de manger à l’extérieur d’Indiana. Pour le camping sinon, pas vraiment de soucis. Des infrastructures partout, qui conviennent si on ne fait pas trop la fine bouche. Le camping est vraiment très populaire, mais pas du tout comme on le connaît. On a vu des familles camper sur des ronds-points, au bord des routes. Pas ce qu’on a l’habitude de voir donc, mais tout ça pour dire que le camping sauvage n’est pas un souci !
  4. En ce qui concerne le fonctionnement du pays, là aussi, le dépaysement est grand. Chaque démarche devient une aventure. Tout ce qui est d’habitude simple prend une autre dimension. En de telles circonstances : lâcher prise, tout miser sur la bonne âme qui finira par vous aider, insister un peu, et attendre. De manière plus générale, ça nous a donc fait un bon exercice de « oublie ce que tu sais et fais depuis si longtemps et constate qu’il existe une autre façon »… Exercice aussi dur qu’efficace !
  5. On en est arrivéEs à classer les gens en deux grandes catégories (mais attention, généraliser, c’est maaaal) : les méchantEs et les gentillEs. Pas besoin de faire un dessin, on a rencontré les deux extrêmes, en ayant malgré tout la sensation de croiser des personnes un peu plus intéressées (càd avec une idée derrière la tête) qu’en Turquie. Ce que les deux clans partagent : une grande curiosité, avec une attitude et des questions qui peuvent parfois surprendre
  6. Les bâtiments et les paysages sont splendides et dépaysants, plus travaillés, plus colorés, plus vivants que beaucoup de choses vues jusque-là.

Petit cadeau de sortie

Alors on se motive et on décide de rouler en un jour d’Ispahan jusqu’à la frontière au nord. Soit 1’000 kilomètres. Notre record en une seule journée ! Le réveil sonne à 5 heures et quelques et on ne fera que rouler de la journée pour arriver à destination vers 19 heures. Dernière soirée iranienne à boire du jus de carottes frais et manger des grains de maïs bouillis servis dans une sauce suspecte mais très onctueuse à mi-chemin entre du fromage et de la mayo.

Et puis, en sortant du pays, comme pour vérifier la description d’une politologue qui a récemment défini l’Iran à la radio comme une « cleptocratie », on se fait tauper 200 dollars au titre de « taxe sur le réservoir ». Aucun détail sur le calcul de ce montant ne peut nous être fourni. Il se calcule apparemment à la tête de la victime, qui a au préalable été séparée de son binôme pour mieux se voir réclamer les sous seule face à une demi-douzaine de types sortis de nulle part, eux-mêmes soutenus par des « douaniers » sans uniforme.
A ce tarif-là, repasser en Turquie c’est donc comme rentrer à la maison et se sentir à nouveau sereinE. Surtout en retombant au Kurdistan turc ! Après quelques heures à peine à Yüksekova, la vie semble à nouveau plus simple et légère. On recommence à nous offrir le thé, une famille nous invite pour la nuit, on s’échange des victuailles et des politesses avec le traducteur. Malheureusement, on a déjà rendez-vous avec un couchsurfer. Soirée avec et chez Ömer, prof d’anglais de notre âge qui a étudié en Pologne. Pas mal de Turcs/-ques font un semestre ou une année là-bas, ce qui continue de nous intriguer… On discute bien, toujours un peu des mêmes sujets, on rigole avec son collègue qui ne parle pas vraiment l’anglais mais qui essaie, on peut dormir chez lui. L’Iran nous semble déjà loin derrière.

A nouveau debout à l’aurore le lendemain, on a maintenant les yeux rivés vers l’Europe. C’est qu’on aimerait profiter du temps qu’on n’a pas passé en Iran pour ajouter un pays sur notre liste : la Bosnie-Herzégovine. Bosnie-Herzégovine qui se trouve à environ 3’200 kilomètres de nous. Autant dire qu’on se motive et qu’on télécharge des playlists et des podcasts pour la route !

On chemine par la D400, une route splendide entre montagnes et canyons. Hakkari, Sirnak, et entre ces villes, presque rien sauf des petits villages toujours aussi isolés et comme en retrait du monde. On roule même sur la frontière irakienne durant une cinquantaine de kilomètres avant de se casser le nez sur une Zurichoise, turque d’origine, qui fait le tour du pays…en Tesla. On la rencontre à un check-point militaire, où elle a pris la pose et le thé avec tous ces messieurs en uniforme. La scène est improbable !

Des kils et des kils

Puis on s’arrête une nuit à Gaziantep, dans ce super camping gratuit équipé de machines à laver. Trois lessives en quelques heures, Philou doit redoubler d’ingéniosité pour trouver des endroits supplémentaires où étendre tout ça. Il y a du linge partout, on ne voit quasiment plus Indiana… Puis bye bye le Kurdistan. On s’octroie le petit plaisir d’une nuit en Cappadoce, juste le temps d’admirer décoller les montgolfières. En plus, c’est sur notre route. La chance nous accompagne et ça décolle bel et bien. Encore un réveil matinal, mais au moins, on avance. Nouvelle journée de route, on vise la frontière. Mais on craque à la hauteur d’Istanbul et on décide de s’arrêter. La nostalgie nous gagne, cette fois, c’est quasi sûr, on ne reverra pas la Turquie de sitôt… Morne traversée de la Bulgarie, on avance directement jusqu’en Serbie. Un peu lentEs à la détente, et ayant besoin de faire autre chose que de conduire, on passe deux nuits chez les Serbes. La première dans le parc d’un super monastère et son verger, la seconde dans une paisible vallée, au bord d’un fleuve. En chemin, on découvre en vitesse la ville de Nis. Et finalement, après des bouts interminables sur des autoroutes dans le même état que celle du Haut-Valais et une succession de routes de campagne, la Bosnie-Herzégovine nous tend les bras !

Un avis sur « Après l’Iran, la looongue traversée vers l’Europe »

  1. Vous avez presque failli nous rattraper.
    Alors, pour finir on n’a pas payé cher notre taxe de carburant 80 dollars. Mais il faut relativiser car le diesel est à un franc le plein du réservoir et quand on arrive en Suisse c’est deux francs le litre.
    A part à la douane, nous n’avons rencontré en Iran que des gens très sympas. Nous n’avons pas vu les méchants. bises.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :