En haut en bas les vallées du Népal

7:10 du matin, atterrissage sur le tarmac de Kathmandou. Après un mois sous les cocotiers et une nuit sans dormir, les 8 degrés ambiants nous chatouillent le bout du nez.

Visas en poche et sacs récupérés, on retrouve Pemba, qui nous accueille avec une superbe couronne de fleurs. 

Pemba nous emmène dans un hôtel du centre. Il sera notre guide pour les 20 jours à venir, pour le trek d’abord puis pour diverses activités et visites ensuite. Pour le Népal, on s’est en effet offert le luxe de passer par une agence. Plus qu’un luxe, on ne connaissait pas grand-chose au pays et on n’imaginait pas vraiment qu’il soit possible de faire sans. L’expérience a prouvé le contraire, c’est faisable en indépendantE mais dans des conditions assez différentes. Bref, cette agence est bien plus qu’une agence en fait, puisque sa fondatrice gère en parallèle une association aux multiples projets pour soutenir les populations locales. On fait connaissance avec le guide et on discute de l’expédition qui nous attend.

Malgré le choc thermique, on est raviEs d’y être. On a la journée pour récupérer et régler quelques détails avant le grand départ!

Un début sur les chapeaux de roue

Le lendemain, Pemba vient nous récupérer aux aurores. On a une journée de route pour rallier le point de départ, au pied de la vallée du Langtang. On monte dans une première jeep qui nous conduit en ville vers une deuxième jeep, un peu plus grande celle-là. On embarque avec d’autres trekkers/-euses et nos guides respectifs.

Après pas mal d’embouteillages, quelques heures de route et une pause repas, la jeep a un souci mécanique. On roule jusqu’à un garage, on discute environ une heure avec le couple français qui voyage avec nous, Frank et Luz, en attendant que tout rentre dans l’ordre. Ça semble plus compliqué que prévu, alors on saute toustes dans un bus qui propose gentiment de nous prendre avec nos affaires.

La route se fait de plus en plus cahoteuse, et le précipice qu’elle longe devient, lui, de plus en plus profond. On roule très lentement, et dès qu’on accélère, c’est pour mieux s’arrêter 100 mètres plus loin. Beaucoup de stops, surtout pour prendre des élèves qui marchent au milieu de nulle part. CertainEs sont tout petitEs. Niveau imprévus dès le départ, on n’est pas mal, mais on s’en fiche, ce trajet en bus fait sûrement partie de l’expérience. Il aura aussi permis d’exploser notre record de déplacement lent: presque 8 heures pour…140 kilomètres!

Le jour J

On arrive finalement à Syrabu Besi, au pied de la vallée du Langtang où on passe une dernière nuit avant de partir marcher. Le Tibet n’est qu’à quelques kilomètres, c’est fou!

On découvre le premier lodge (nom local des hôtels/guest house/cabanes) d’une longue série et on fait la connaissance de notre porteur, Tundu.

Contre un mur de la salle à manger du lodge, la télé. Elle diffuse un match du mondial, on ne s’attendait vraiment pas à ce que le carnage FIFA ait fait des dégâts jusqu’ici! 

Le souper est à la carte, comme le seront tous les repas des douze prochains jours. On est surprisES en bien par ce luxe, puis on va se coucher tôt. 

Le lendemain, réveil matinal mais enthousiaste. On se met en route pour la plus grande rando de notre vie et on attaque direct avec une bonne grosse montée.

Le rythme de ce premier jour sera plus ou moins celui des 11 suivants: se lever tôt, faire le paquetage, déjeuner, marcher, s’arrêter pour un thé, traverser des paysages incroyables, enlever une couche, remettre une couche, dîner, marcher, arriver au lodge, se reposer et lire, discuter, souper, jouer quelques parties de UNO en népalais, se coucher. 

Pour l’itinéraire sur une carte, c’est ici

En gros, on a fait comme première partie la vallée du Langtang en aller-retour avec l’ascension modeste du Tsergo Ri (4990m). La région a été très touchée par le tremblement de terre de 2015. Le village de Langtang a par exemple été détruit entièrement par une avalanche provoquée par la secousse. Il est aujourd’hui reconstruit à côté de l’énorme éboulement qui est resté depuis. La route s’arrête à Syrabu Besi. Certaines personnes doivent donc marcher 2 ou 3 jours pour rejoindre leur maison ou aller faire des courses…

Deuxième partie, la transition vers la région d’Helambu par les lacs sacrés de Gosaikunda. Hindous et bouddhistes y montent pour prier et pour célébrer certaines fêtes. La météo commence à tourner. Le soleil demeure bien présent mais on sent que l’hiver pourrait débarquer un peu subitement. L’eau gèle chaque nuit. Le fait d’être presque constamment dans le froid commence à peser sur le moral, surtout pour Valou. On passe quelques nuits dans des lodges plus rustiques où il fait à peu près aussi froid dedans que dehors et où les places à côté du poêle à bois dans la salle à manger valent de l’or. 

Pour ces deux premières parties, le décor était d’abord forestier puis bien montagneux avec des sommets enneigés et des altitudes costaudes. On est alléEs au pied de l’invaincu Langtang Lirung, culminant à 7200m. De quoi se sentir tout petitEs! 

Tout au long de ces deux tronçons, il y a beaucoup de monuments bouddhistes: stupas, manis, temples. Ça rend la randonnée très vivante et permet d’en apprendre pas mal sur la philosophie et les rites. 

Troisième partie, Helambu, rebaptisée « le Népal par les crêtes ». On a atteint cette partie en accélérant un peu la cadence histoire de ne pas attraper la neige au col à 4600m qui y mène. Ensuite, l’altitude est devenue moindre, avec des nuits « plus que » à 2500m, des cultures en terrasses et des villages perchés, un paysage plus vert. Les genoux ont par contre pas mal souffert puisque quand tu arrêtes de monter, c’est pour descendre et inversement. Quand le temps est clair, la vue sur la chaîne de l’Himalaya est impressionante même si les sommets sont assez loin. On parvient à voir l’un ou l’autre 8000 comme le Manaslu. 

Grâce à Pemba et Tundu, on multiplie les arrêts chez des gens, l’occasion d’entrer dans les maisons, de goûter les produits locaux, de voir à quoi ressemble la vie d’un peuple d’altitude. On passe dire bonjour chez des connaissances à eux. On entre alors dans des maisons d’une pièce et demie, laquelle est basse, sombre et enfumée. Tout se passe autour du poêle ou directement du feu. Les propriétaires des lieux s’assoient à même le sol, en tant qu’invitéEs, on a le privilège de la banquette. Des matelas et des couvertures sont empilés dans un coin la journée, on comprend alors que rien ne sert de chercher la chambre à coucher. Tiens, d’ailleurs il n’y a pas de salle de bain non plus. C’était donc ça, ce bidon et ce robinet dehors. La lessive à la main avec de l’eau tellement froide à 3000m d’altitude, ça relève de l’exploit! Dans la pièce à vivre par contre, on trouve toujours un autel avec la photo du dalaï-lama et les offrandes du jour. Les murs n’ont qu’une couche, les toits sont en tôle doublée d’une bâche, et les fenêtres parfois composées d’une simple feuille plastique. Comment font-iels pour tenir le coup avec un climat si dur? On hallucine de voir qu’on puisse vivre comme ça, alors qu’on a assez froid le soir et la nuit malgré nos sacs de couchage + couverture dans de bons lits.

Car si le soleil est de la partie presque tous les jours depuis notre arrivée, il ne fait pas chaud dès que la vallée passe dans l’ombre. En témoigne l’eau qui gèle un peu partout. Il n’empêche, les gens marchent à pieds nus dans des chlappes défoncées sur des chemins raides, poussiéreux et plein de cailloux… 

Que ce soit des hôtels ou des maisons privées, jamais de chauffage et presque toujours des courants d’air.

Pour ce qui est de la marche à proprement parler, on prend assez vite un rythme. Les journées de marche ont une durée de 5-6 heures, il y a pas mal de pauses et aussi de silences aussi bien autour de nous qu’en terme de conversations. Ca fait du bien. On essaie de déconnecter. Pendant 12 jours, pas d’internet, pas de voiture, pas de magasins, quasiment pas de café ni d’ailleurs d’alcool. Aucun mal des montagnes à déplorer grâce à une bonne acclimatation. Des jambes en béton la première semaine, avant le début des montées/descentes incessantes. C’est surtout les descentes qui nous cassent les pattes, d’une part parce qu’elles sont bien abruptes, d’autre part parce qu’elles se font via des escaliers en pierre qui n’aident pas vraiment à amortir le choc! On marche avec un petit sac à dos, ce qui allège pas mal l’effort. 

Naks, singes & co

Une des bonnes surprises du trek, ce sont les animaux à la pelle qu’on croise sur le chemin: plusieurs races de singes, des yaks énormes et leur femelle, les naks, des oiseaux aux couleurs vives, un renard, des bestioles dont on ignorait l’existence comme les « Himalayan tahr », un croisement entre une chèvre à poils longs et un lion… Aussi pas mal d’animaux domestiqués, chèvres, vaches et surtout des ânes chargés comme des mules qui transportent du matériel en petits troupeaux de six ou huit bêtes.

Pour la végétation, il y a des bambous jusqu’à presque 3000m et des arbres bien plus haut que chez nous. La rivière qui descend tout la vallée nous impressionne par son débit gigantesque et sa couleur presque turquoise. 

En termes de nourriture, on a plutôt été gâtéEs. La cuisine népalaise a des influences des pays alentour, Inde et Chine. Dans les régions touristiques de montagne, les lodges proposent à peu de choses près exactement tous le même menu. Des variations autour de la patate, des pâtes et du riz. Généralement pas de viande, donc trop beau. Et presque chaque établissement a son potager d’où proviennent les excellents légumes qui garnissent les soupes et autres nouilles sautées. On s’enfile aussi pas mal de « dal bhat » (plat national composé de riz – soupe de lentilles – pommes de terre au curry – chips de lentilles – légumes) et de « soupe sherpa » (légumes – herbes – patates – sorte de gnocchis de blé). Une nourriture simple, saine et préparée minute.

Les pommes de terre, les épinards, les choux, le blé, tout ça pousse jusqu’à des altitudes inespérées. 

On avance, on avance. Tellement qu’on en arrive à sauter une étape et terminer un jour plus tôt. Les derniers jours de marche, ça ne fait toujours que monter et descendre dans des collines puis dans une espèce de jungle qui rappelle l’Amérique latine. Nos jambes nous auront ramenéEs tout près de Kathmandou, qu’on ralliera dans ce sens seulement en un peu moins d’une heure. Le retour à la ville, au bruit et aux gens est brutal, on était pas si mal dans ces montagnes loin de tout! 

Chiffres-clés:

12 jours de marche, 10 jours de soleil
159 kilomètres et 9874 mètres de dénivelé positif en 60 heures
3 nuits à 3800 mètres d’altitude
1/2 rouleau de papier toilette
Environ 106 tasses de thé masalas et autres ginger/lemon
-10 degrés, la température estimée au plus froid
Des milliers de marches d’escalier

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